» Quand la digue se rompt
Greenville, Mississippi 1927. Kansas Joe McCoy et Memphis Minnie survivent à la crue du siècle. Deux ans plus tard ils sont mariés et racontent ça dans un blues mélancolique. En 2011, leurs paroles intemporelles s’adressent aux coeurs de tous les paysans qui vivent le long du grand fleuve américain.
’When the Levee Breaks’
de Kansas Joe McCoy & Memphis Minnie par Bellows & Boiler
Paroles originales + traduction française
Août 1926. La pluie s'installe pour 8 mois et fait trembler la digue***, encore rudimentaire à cette l’époque. Finalement, elle se rompt à plus de 120 endroits en amont de New Orleans. Les édiles décident de dynamiter 20 km de digue en aval de la ville pour la protéger, inondant toute la population locale. Les paysans sortent les armes mais rien n'y fait. Les milliers d'habitants de la paroisse de St Bernard sont sacrifiés au déluge.
Plus d’un million de gens seront touchés par la catastrophe qui laisse une centaine de milliers de sans-abris et une surface inondée de la taille de la Suisse. Ces événements pousseront le gouvernement US à mettre oeuvre un vaste projet de déversoirs (spillways), système de contention et de libération de eaux dans des zones circonscrites, terminé en 1959. Relativement efficace jusqu'en 2011. Face à une crue supérieure à celle de 1927, l’armée fait sauter 3 km de digue plus au nord dans le Missouri, afin de protéger la ville de Cairo, inondant les terres agricoles sur une surface comparable au Lac Léman. Same old story. Aujourd’hui les habitants et cultivateurs des spillway zones sont prévenus et les poursuites judiciaires ont en partie remplacé les shotguns!
***le mot levee, la jetée (prononcer lèvie) vient du participe passé du verbe français lever.
Beaucoup de documents photos en tapant 'Mississippi flood 1927' sur g00gl3. Pour les curieux un doc US en 2 parties sur la crue de ’27. Biographies de Kansas Joe et Minnie, ainsi qu’un historique des crues du Mississippi avec un résumé en image de celle de 2011. Bon allons déboucher une bière et écouter un bon blues: toute cette flotte, ça donne soif! - JN