’Barbecue Bess’
de Lucille Bogan (Bessie Jackson) par Bellows & Boiler
Paroles originales + traduction française

On n'imagine jamais spontanément nos aînés en train de se dévergonder. Pourtant, la pudibonde Amérique du code Hays et ses 30 années de censure, ou celle d'aujourd'hui, qui *beep* les gros mots à la TV n'est jamais parvenue qu'à chasser son naturel galopant. L'obcénité artistique, pendant ancestral de la rigueur morale, était particulièrement répandue dans les bars de nuit improvisés (juke-joints) du Sud des années 20. Nimbé de moiteur enfumée, un public compact et très imbibé beuglait à tue-tête les paroles salaces à faire rougir un forçat que déclamait sans honte la chanteuse sexy accoudée au piano. Baby Let Me Bang Your Box, Hot Nuts sont les hits du moment et Lucille Bogan avec Sloppy Drunk Blues ou Till The Cows Come Home classe les siens en tête de liste. En 1933, elle déménage et poursuit sa carrière à New York. Cachant son identité sous le nom-de-disc Bessie Jackson, elle enregistre dans un style plus sage une centaine de chansons sur le label Banner, qui furent ses plus grands succès (dont Barbecue Bess, allusion transparente à la prostitution féminine). Deux ans plus tard, lors d'une ultime scéance, elle se lâche à nouveau sur Shave 'Em Dry (unexpurgated version), une apothéose du blues paillard. Attention, c’est chaud! (quelqu’un veut une traduction ?)


Dans les années 20 et 30, Lucille Bogan signa avec les labels pionniers du gramophone, OKeh, Paramount, Brunswick, puis Banner Records à New York. Ses contemporains étaient Charley Patton, Blind Lemon Jefferson, Blind Blake, Son House, Ida Cox, Skip James… Interpètes afro-américains de genres à la mode: vaudeville (music-hall américain), blues et early jazz. Elle fut notamment accompagnée par Tampa Red, Cow Cow Davenport et finalement par le pianiste Walter Roland. -JN